Charles Baudelaire a passé 45 jours à l’île Bourbon HISTOIRE DE LA REUNION

Chers lecteurs, un 19 septembre célèbre et j’ajouterai illustre comme celui qui débarqua sur notre île, vient à mon esprit. Il a tout juste vingt ans et nous sommes le 19 septembre 1841, il arrive à Saint Denis à bord du  » Paquebot Mers du Sud  » après un séjour à l’île Maurice : il se nomme Charles Baudelaie. Le capitaine du navire se nomme Saliz.

Après dix-neuf jours passés en île de France, il « échoue » à l’île Bourbon pour quarante-cinq jours. Venu prendre un bol d’air en notre colonie, sur l’instigation de son parâtre le général Aupick qui souhaite le voir faire du commerce en l’envoyant dans les Mascareignes, il aura ici et d’ici une destinée à nulle autre pareille.

C’est un exil de 45 jours dans notre colonie. Quand il doit mettre pied sur l’embarcadère, Charles tient en main et sous les bras plusieurs ouvrages, mais la mer est agitée et le voilà à l’eau au milieu dira t-il de squales qui ne virent que son chapeau. C’est trempé et refroidi qu’il arrive en ville aucun bouquin perdu tant sa détermination est exemplaire !!!

L’émoi des spectateurs intrigués par ce jeune homme lui réchauffa le coeur avec hauteur…

Le capitaine Saliz présenta Charles à une famille de riches planteurs dont les sept filles étaient d’une beauté remarquable.

Il s’éprit de l’une d’elles âgée de quinze ans. Et pour la voir, il alla vivre dans la montagne à Salazie lieu où la charmante damoiselle séjournait régulièrement. Et pour la mieux voir et admirer sa beauté il prit pension chez une mulâtresse.

Un étudiant d’Oxford, Alexander Ockenden a pu découvrir que Charles aurait entretenu une relation avec une esclave affranchie Dorothée de 6 ans son aînée. Charles en parle dans un texte en prose intitulé  » La belle Dorothée « … Passionnant !!!

C’est la Réunion, chers amis lecteurs, qui fera de lui l’illustre champion des cercles parisiens car c’est de chez nous ici qu’il revient, à Paris, poète…

Pourquoi un des slogans de  » Réunion île intense  » ne pourrait-il pas être associé à Charles Baudelaire ? i raport pa ase dann la pos lo fantomm IRT dawar !!!

Le génie de BAUDELAIRE, ses 45 jours dans notre colonie le conduisent à la littérature et surtout à l’excellence poétique.

Il est le réflecteur de la beauté des îliennes blanches et plus encore de l’étrange beauté des femmes de couleur.

Ses vers d’une rare qualité picturale témoignent des visions merveilleuses des paysages mascareignais que ses yeux d’adolescent (on est majeur à 21 ans) impriment dans son esprit pour y décrire la nature des tropiques comme jamais personne n’a pu faire avant lui ni ne fera plus jamais (navré pour les créoles chauvins) après lui. Il décrit aussi les constellations du Sud inconnus aux Européens, du firmament aux étoiles.

Lisez ou relisez chers amis  » La servante de couleur aux pommettes saillantes « . Tout est sons, parfums, couleurs, luxuriance chez lui pour ce que l’on appellera l’esthétisme baudelairien.

 » Tout n’est qu’ordre et beauté, luxe, calme et volupté « 

De la colonie il reviendra  » avec la sagesse en poche « 

En découvrant ici  » les corps félins, sculptés et luisants des jeunes femmes noires, fleurs mystérieuses et éblouissantes  » il allait ainsi donner à l’exotisme des « Fleurs du mal », une originalité baudelairienne authentique.

 » Le sable est éblouissant et la mer miroite « 

A propos de Dorothée :  » Son ombrelle rouge, tamisant la lumière, projette sur son visage sombre le fard sanglant de ses reflets »

Une sublime supplique d’amour  » A une malbaraise « 

 » Tes pieds sont aussi fins que tes mains, et ta hanche

Est large à faire envie à la plus belle blanche ….

Tes grands yeux de velours sont plus noirs que ta chair….

Tu poses doucement ton corps sur une natte,

Où tes rêves flottants sont pleins de colibris,

Et toujours, comme toi, gracieux et fleuris »

Toi, vêtue à moitié de mousselines frêles,

Frissonnante là-bas sous la neige et les grêles,

Comme tu pleurerais tes loisirs doux et francs …

Jean-Yves Covindin