Gérard Bègue, éleveur, écrit à Daniel Gonthier, président du Parc national SOCIAL

« M. le président vous avez manifesté votre intérêt pour l’activité agricole du Parc et indiqué votre soutien à cette activité et à ses hommes – Vous nous avez rendu visite sur le terrain et nos espoirs portaient sur vous. A ce jour M. le président, il semble qu’il faut mettre en concordance les dires du président et l’activité de la structure que vous présidez… « 

« Pendant que vous apportez votre soutien aux éleveurs les services du Parc font l’inverse… La direction du Parc nous écrit début mars 2020 pour trouver un soi-disant compromis de sortie de crise avec les éleveurs et pendant le même temps on nous met des bâtons dans les roues et on nous assigne avec 2 convocations au tribunal correctionnel…Sacrées Négociations… »

Trouvez-vous la démarche de vos services correcte et cohérente par rapport aux orientations de son président, ? Quel est la place du président dans l’administration du Parc ?

M. le président nous sommes venus ce jour :

  • Pour vous rappeler notre détermination à défendre notre mode de vie et notre outil de travail contre vents et marées et nous ne cèderons pas sur ce principe ;
  • Et pour vous demander de corriger rapidement les dérives de votre administration.

1.Nos éléments sur le fond de ce dossier

Tout en vous indiquant que nous ne sommes pas opposés au Parc ni à la défense de la nature et de l’environnement dont nous sommes les premiers défenseurs en tant qu’agriculteur – nous acceptons la négociation à condition toutefois que les écoutes soient réciproques et que le Parc prenne en considération les contraintes juridiques techniques et humaines incontournables des éleveurs.


1 – Nous les éleveurs traditionnel du volcan étions là, bien avant la présence sur le site du Parc national, de vous-même M le Président et cela depuis des générations – l’histoire nous indique que le 1er occupant est légitimement prioritaire dans ses propositions et que son existence doit être prise en compte même si les actes juridiques sont historiques et non formalisés. Cela a dû vous échapper depuis 13 ans que vous êtes à la présidence du PNR que nous sommes le dernier élevage traditionnel du volcan.


2 – Le Parc a été mis en place sur les bases longuement négociées d’un modus vivendi avec les acteurs économiques et sociaux de la zone – or le mode de fonctionnement actuel du Parc qui assigne ses éleveurs au tribunal n’est pas conforme aux principes fondateurs du Parc et au modus vivendi annoncé.
Si le Parc a changé d’orientation et qu’il a décidé « seul » de modifier les fondements sociaux et économiques et humains du territoire du Parc il s’engage dans une vaste tromperie vis-à-vis de l’opinion Publique et des collectivités qui la composent et qui ont adopté la charte et surtout de ses engagements pour une issu favorable nous concernant.


3 – Nous sommes toujours en France M le Président et même si le Parc a changé d’orientation pour X raisons non seulement il faudra d’abord en informer les habitants et l’opinion publique ainsi que les collectivités signataires, et ensuite appliquer les lois et règlements français – c’est-à-dire appliquer dans les formes légales les règles juridiques qui s’imposent pour nous dégager… C’est-à-dire nous exproprier…Il faudra alors que le Président revienne nous expliquer l’inverse de ce qu’il nous a dit jusqu’à ce jour

Il faudra sans doute envoyer la police.

Il faudra mettre en place les moyens financiers de votre nouvelle politique c’est dire nous indemniser nous, notre famille et notre entreprise au plus juste niveau.

Il faudra certainement nous redonner du foncier équivalent pour nous réinstaller et nous permettre de vivre.

En clair M. le président ce sera vous en non votre administration qui porterez politiquement cette dérive des objectifs initiaux du Parc et qui devrait justifier et payer sur le denier public la tromperie du Parc.

Pour quels résultats ?

Outre les nécessaires explications au monde réunionnais que vous aurez à rendre :

  • Vous couterez très cher à la collectivité ;
  • Vous viderez le Parc de son activité agricole traditionnel
  • Vous viderez le Parc de ses acteurs professionnels agricoles qui contribuent à sa vie économique, écologique et à l’entretien de son paysage.
  • Vous viderez le parc d’un atout majeur qu’est mon troupeau contre les incendies de forêt et de leurs travails irremplaçables sur ce site.
  • Vous devrez payer des entreprises pour faire onéreusement le travail de jardinier du Paysage que les éleveurs font correctement et gratuitement.
  • Vous transformerez le Parc en un nid de fonctionnaires gardiens des lois et distributeurs de PV.

Croyez-vous un seul instant M le Président qu’en dehors de quelques écologistes psychorigides en recherche de notoriété locale, ou de quelques fonctionnaires en mal d’emploi ou de pouvoir, la population Réunionnaise dans son ensemble ou même nos touristes accepteront de se promener dans un espace sans âme et en état d’inculture encadré par les seuls hommes en uniformes…

En bref M. le Président sous le joug de la technocratie du Parc acceptez- vous de perdre votre âme et celle de votre pays.

2.Les éléments du contentieux avec les services du Parc

M. le Président,

Nos vaches des Hauts ne sont pas différentes des autres, elles ne vont pas changer de mode d’alimentation parce que la charte du Parc a été signé, elles continueront à manger l’herbe et tout ce qui constitue leurs alimentations comme elle continueront à suivre les chemins qui mènent aux enclos…

Par contre dans l’intervalle nous éleveurs nous nous sommes formés, nos élevages continuent de fonctionner pour nourrir et élever le cheptel local dans les meilleures conditions sanitaires et techniques possibles même avec tous les freins que le parc mais en place comme nous – vous n’ignorez quand même pas M le Président que nous avons un devoir et une obligation d’assurer le bien-être et santé animale – ce qui entend clairement qu’il faut être présent le plus souvent possible, accéder aux différents sites, traiter nos animaux, boucler les veaux à leurs naissance , assurer les services vétérinaires, éviter l’errance et les maltraitances externes, etc…

Ces contraintes ne se gèrent malheureusement pas par la seule volonté du Saint Esprit.

Il nous faut des chemins pour accéder aux enclos et aux animaux les soigner et que le vétérinaire puisse venir les contrôler dans de bonne condition, ce n’est pas le cas aujourd’hui etc.

Il nous faut des clôtures et leurs entretiens pour éviter l’errance et protéger les animaux des maltraitances externes comme nous le faisons depuis toujours.

Il nous faut entretenir – sans engrais ni produits phyto – c’est-à-dire avec des moindres rendements, les pâtures naturelles locales pour maintenir le stock fourrager.

Et ce tous les jours malgré le froid les cyclones et les grandes difficultés de la haute montagne et je ne vous parle pas évidemment des bâtons que vous nous mettez dans les roues, ainsi que du revenu de l’éleveur ; faut vraiment avoir besoin de vivre et d’aimer son pays….

Que dire alors de l’attitude de vos fonctionnaires techniciens intellectuels au revenu garanti, spécialistes de l’environnement mais surement pas de l’élevage traditionnel qui viennent nous expliquer dans leurs assignations judiciaires :

  • Que nos vaches ne doivent pas pâturer le sol de la forêt réunionnaise – ces pauvres vaches on essai bien de leur expliquer depuis des années qu’il ne faut pas faire n’importe quoi …mais elles ont du mal à comprendre,
  • Qu’il faut accéder à nos parcelles par hélicoptère pour ne pas perturber les sols ou l’écosystème, même si ceux-ci supportaient des anciens chemins d’accès bien avant la présence des techniciens spécialistes du Parc,
  • Ce mode d’élevage extensif qui basé sur de la pâture naturel en forêt est l’un des modes d’élevage les moins polluant au monde.

M. le président vous comprendrez bien que cette situation est pratiquement et techniquement insupportable et doit être réglé par les éleveurs avec des personnes compétentes et si possible en dehors des tribunaux – C’est regrettable et c’est une faute que vos cadres aient privilégié cette voie…

Nous vous proposons les modalités de négociations suivantes :

  • La suspension immédiate des procédures judiciaires en cours. (Procédures qui nous l’espérons nous seront favorables car outre notre présence sur ce site avant le Parc national nous avons des obligations d’accès et de gestion sanitaire de nos animaux dans le cadre de la loi).
  • Nous vous demandons une réponse écrite officielle du Parc sur cette suspension avant le 28 juin 2020.
  • Nous sommes d’accord pour fixer rapidement avec vous une date pour les négociations techniques avec les services du PARC.
  • Si malheureusement aucune réponse ne nous est rendue avant cette date nous serions dans l’obligation d’exposer nos problèmes au Public via la presse devant la mairie de Bras Panon avec mes camarades éleveurs des hauts.
  • Si malheureusement aucune réponse ne nous est rendue avant cette date nous serions dans l’obligation d’exposer nos problèmes au Public via la presse devant la mairie de Bras-Panon avec mes camarades éleveurs des hauts.

Nous vous remercions de votre écoute et de nous avoir reçu ».

Gérard Bègue
Eleveur traditionnel dans les hauts du Parc National