Enis Rockel : « Le maloya en 1695 » CULTURE

« Les deux Bretons arrivés la veille s’installent dans une des dépendances du Grand Hazier ».

« Le soir venu, après un bon bain à l’eau chaude, luxe suprême, d’habitude c’est à la rivière qu’on se baigne, et à l’eau froide, et un brin de toilette, ils sont prêts à se rendre au dîner.


Soudain, un spectacle extraordinaire les surprend : un feu de camp flambe dans une clairière jouxtant les habitations des Noirs.


Des tambours rudimentaires faits avec de la peau de cabris, résonnent d’un son étrange, sourd, profond, lugubre, joué sur un rythme lent et régulier, qui ne laisse personne indifférente.


Les quelques Noirs de la propriété initient une drôle de soirée devant leurs yeux étonnés. Ils ont un déhanchement sensuel et surprenant, ils dansent en tournant autour d’eux-mêmes en tirant davantage sur une jambe, ce qui donne un aspect curieux à leurs mouvements.


Par moments, il y a un soliste qui engage un couplet très court, et ensuite, le refrain est repris par tous, donnant à ce chant les allures d’une sorte de messe.


Sans quartier, l’esclave de Monsieur Touchard, explique que toute réunion de Noirs est interdite, mais que, certains maîtres ne s’opposent pas lorsqu’il s’agit de se divertir un peu après le travail, dans la propriété ».