Véronique, 42 ans, au chômage : « Je n’ai plus personne à qui parler ! » SOCIAL

Véronique a 42 ans ! Elle est maman d’une fille de 15 ans. Elle vit dans le Sud-Ouest de La Réunion. La célibataire Bac + 5 est au chômage. Depuis le début du déconfinement, elle ne sort de chez elle que pour faire les courses. « J’y vais en bus. Ma voiture est en panne. Je n’ai pas les moyens de la faire réparer ». Assise, à la table posée dans sa petite cours, devant sa tasse de café, Véronique lâche : « C’est ma fille qui me retient à la vie ! »

Le temps s’arrête. Comme Véronique. Seuls les chocs intermittents de la petite cuillère contre la tasse, diminuent le bruit du vent. Véronique sent-il le froid du vent sur sa peau ? Son regard fixe est vide. Le visage est presque sans expression(s) et émotion(s). Le silence est assourdissant. Et d’un coup, Véronique assène sa vérité. « Ce confinement a fait de très gros dégâts chez beaucoup de personnes ».

Elle s’arrête, ressent les « très gros dégâts » puis avale une petite gorgée de café. « D’un coup, nous avons arrêté notre vie d’avant. Brutalement. Nous avons vécu confiner. Dans la crainte d’être contaminé par le Coronavirus. Dans la peur de tomber malade. D’être gravement malade. Dans l’angoisse quasi permanente de voir nos proches ou nous-même mourir. Nous avons vécu pendant deux mois avec cette épée de Damoclès au-dessus de nous ! »

« Le déconfinement a agrandi cette angoisse. Car, nous sommes désormais encore plus exposés. Surtout ma fille qui doit reprendre le chemin du collège pour passer son brevet. Est-ce que ça en vaut vraiment la peine ? » Véronique fait une pause. Elle prend une autre gorgée de café. Elle cherche une réponse à sa dernière question. Vite, elle renonce. « C’est dur de ne parler qu’à soi-même ». Elle fait une autre pose de quelques secondes…

Elle s’adresse du regard à sa tasse de café. Mais, le café aussi tourne en rond. Alors, elle relève la tête. « Je n’ai plus personne à qui parler. Pendant ce confinement, peu à peu, chacun(e) s’est replié(e) sur soi. Je n’avais plus besoin de me forcer pour sourire, de faire semblant, de m’inventer des moments d’une vie cassée. Vide. Je peux être moi. Avec moi. Authentique. Et seule. Avec moi ».

Aujourd’hui, Véronique vit vraiment seule. Avec elle. Et sa fille.

Le virus gagne… du terrain.