Notre Panthéon, le choix de la Nation SOCIÉTÉ

« De ceux de 14, à ceux d’aujourd’hui, nous Français, sommes bien vivants » a déclaré Emmanuel Macron le 11 novembre en présidant la cérémonie de panthéonisation de Maurice Genevoix ».

« Le Panthéon s’impose, aujourd’hui comme hier, comme la grande maison des gloires de notre nation. Francis Simon, Président du comité du Souvenir Français de Rennes qui, le 26 novembre 1916 avait demandé au gouvernement de panthéoniser un soldat inconnu de la Grande Guerre, voit une seconde fois son vœu exaucé après l’inhumation du Soldat Inconnu sous l’Arc de Triomphe, le 11 novembre 1920.

Genevoix au Panthéon, c’est l’entrée d’une génération combattante – celle de 14-18 – mais c’est aussi la reconnaissance de la culture française, celle des grands écrivains et celle de plus d’un million de poilus qui ont adressé des centaines de milliers de lettres à leur famille durant les cinq années de la guerre, des lettres dont la lecture montre combien l’école avait su alphabétiser tous les Français grâce à la politique éducative de la IIIème République.

Interrogeons-nous cependant sur l’étrange emballement qui atteint aujourd’hui les mécaniques de panthéonisation depuis le début de la Vème République : Entre 1958 et 1969, les années de Gaulle, une seule panthéonisation, celle de Jean Moulin en 1964.

Entre 1981 et 1995, 7 panthéonisations : René Cassin (1987), Jean Monnet (1988), Gaspard Monge, Condorcet, Henri Grégoire (1989), Marie et Pierre Curie (1995). Entre 1995 et 2020, 9 panthéonisations : André Malraux (1996), Alexandre Dumas (2002), Jean Zay, Pierre Brossolette, Germaine de Gaulle Anthonioz, Germaine Tillon (2015), Simone et Antoine Veil (2018) Maurice Genevoix (2020)

Cet emballement traduit la fébrilité des politiques mémorielles marquées par un mouvement d’accélération (création de journées nationales commémoratives, panthéonisations, nouvelles décorations, hommages nationaux…) et par un mouvement de remise en cause (déboulonnage des statues, modification de noms de rues, suppression des tombes de « Morts pour la France » dans les cimetières communaux, déclin des cérémonies liées à des événements combattants locaux).

Ernest Renan dans sa conférence sur la Nation évoquait les Héros en une phrase « un passé héroïque, des grands hommes, de la gloire (j’entends la véritable), voilà le capital social sur lequel on assied une idée nationale ».

Si Maurice Genevoix et la génération de la Grande Guerre ont toute leur place au Panthéon, il nous appartient cependant d’être vigilant pour l’avenir.

Serge Barcellini, contrôleur Général des Armées (2s) et président Général de l’association « Le Souvenir Français ».