La Réunion sous perfusion «toxique», pourquoi voulez vous que cela change ! COURRIER DU LECTEUR

Comment faire et quelle politique menée ? A chaque élection, les mêmes sons « vote pou moin ma don aou un ti travay » « moin lé myer ke les zot » Et en attendant « kabri y mang salad». Et après chaque élection les problèmes sont devant nous et non résolus !

Notre île croule sous la pauvreté et les nombreux maux qui affectent les foyers réunionnais plongent nos familles dans une grande précarité économique et sociale.

Comment dans le cadre d’une gouvernance partagée et mieux territorialisée, avoir une vision commune pour rattraper ce retard et tendre vers cette construction véritable de développement économique et aller vers une nouvelle politique de cohésion et de justice sociale ?

Les politiques aujourd’hui sont t-ils encore en capacité de rassembler autour d’un projet commun, projet dans lequel s’inscrirait la solidarité et la responsabilité ?

Les chiffres sont flagrants, plus de 218 000 pauvres ( 1 Réunionnais sur 4) à La Réunion.

Le présent reste inquiétant et les projets présentés pour un avenir meilleur ne suffisent pas à redonner de la confiance aux familles qui désertent les urnes.

De facto, nous avons tendance à se replier sur notre passé, voire pour certains dans un repli identitaire.

Si certains puisent dans le passé en se référant à cette période glorieuse pour se nourrir des valeurs revendiquées dans les révoltes d’esclaves et de ces hommes héroïques et #solidaires comme les Marons, d’autres remuent ces souvenirs douloureux et ces cendres pour diviser et instrumentaliser.

Notre société réunionnaise victime de ce silence dans la connaissance de son histoire a du mal à construire durablement des véritables réseaux de solidarité si nécessaires pour garantir un projet rassembleur dans une politique sociale d’implication et d’adhésion.

Notre entrée rapide et non préparée dans les coulisses de la mondialisation nous a fait rater de nombreuses marches. Jamais les inégalités ont été aussi criantes !

Si les liens de #solidarité familiales continuent encore à structurer l’espace social réunionnais, il n’en demeure pas moins que les legs de cette histoire douloureuse sont toujours présents avec tout simplement des formes différentes qui sont des vrais marqueurs de la différence et du rejet sournois de l’Autre.

Tout est fait dans cette société Réunionnaise pour cultiver le silence, la docilité voire l’oubli, par les tous #puissants qui pèsent encore très lourdement sur cette société #créole.

Le chômage, la précarité sociale, le rétrécissement des choix de part notre insularité, les difficultés que rencontrent beaucoup de familles à suivre l’éducation scolaire de leurs enfants inscrits à l’école de la « francité », la méconnaissance de nos traditions matérielles et immatérielles, le départ de nos élites jeunes réunionnaises dans le monde avec peu d’espoir de retour par manque de postes, écrivent sur le tableau noir l’échec des politiques locaux.

Ces derniers n’ont jamais su trouver les vrais discours appropriés, la méthode et le système d’éducation et de développement personnel, dispositifs adaptés à notre insularité, notre identité culturelle, notre histoire et à la diversité de notre population multiculturelle.

Notre vivre ensemble, slogan qui fait la fierté des Réunionnais, est aujourd’hui menacé et les nombreux indicateurs sont négatifs. Mais c’est politiquement incorrect d’en parler car notre modèle du vivre ensemble est vendeur à l’international.

La vérité c’est que nous glissons lentement mais sûrement vers une catastrophe sociale, culturelle voir identitaire, refusée par la conscience collective des «maîtres» du pouvoir politique, économique et financier.

Surtout on ne change rien, nous avons tellement besoin des subventions et les aides de l’État providence que beaucoup critiquent en façade mais qui dans l’arrière boutique, entre puissant, utilisent savamment les fonds publics pour consolider leur pouvoir et emprise sur une population sous influence et manipulée depuis toujours et pour certains de s’enrichir sournoisement.

A quand ce réveil des consciences pour constater que nous avançons inéluctablement, non plus dans une communauté de destin, mais vers une société communautariste où chaque communauté qui hier a construit notre unité se réfugie davantage et inexorablement dans leur civilisation culturelle et cultuelle.

Comment garantir un développement solidaire et durable dans une île qui a perdu sa structure organisationnelle ouvrière réunionnaise qui hier tissait des liens entre les individus et de manière trans-générationnelle ?

Quel parti politique est aujourd’hui en capacité d’apporter un projet unitaire, sans égo et dans la réflexion intelligente collective pour participer à cette éducation à la solidarité locale qui transcende non seulement les frontières de l’île mais permet également d’avoir une vision structurelle ?

Quid de l’UFR ( Union des Femmes Réunionnaises) et des autres associations qui ont participé, certes à la lutte contre les inégalités en combattant les violences à l’encontre des femmes mais qui manquent encore de force politique, de financement, d’impact , d’idées innovantes et parfois d’unité pour offrir à la femme créole une meilleure place dans la société réunionnaise et dans l’agora politique ?

De nombreuses associations religieuses et inter-religieuses ont cherché à établir des réseaux d’échanges, de partages et de solidarités entre ces différentes communautés arrivés dans l’île mais aujourd’hui une part de celles-ci pratique encore leur religion de manière « confinée ».

Devant ces constats alarmants, je suis en droit de dire que notre société réunionnaise n’est pas à l’abri de voir surgir des conflits qui pourraient fragmenter notre espace social.

De surcroît, cette tendance à vouloir ethniciser notre mémoire si noble et remplie de luttes rassembleuses pour obtenir la liberté, pourraient également fragiliser notre vivre ensemble.

Je reste persuadée que beaucoup de solutions à ces maux qui affectent notre société créole aujourd’hui se trouvent dans les apports de notre passé. Pour mieux féconder ce futur qui s’annonce de plus en plus difficile, il faut mieux maîtriser ces plus de 357 années d’histoire, et cultiver et enrichir cet héritage.

Nous devons dépasser cette posture de victime pour devenir des acteurs et parties prenantes unis devant notre histoire pour préparer avec conviction l’avenir de nos enfants et l’épanouissement de notre territoire. Il est important d’assainir nos blessures, briser le silence sur cette histoire pour apaiser ces traumatismes. Le rappel du passé a un sens s’il favorise son dépassement.

La classe politique réunionnaise doit avancer dans la concorde de leurs idées pour unir les Réunionnais pour le développement de notre île avec l’ensemble des acteurs. D’ailleurs, l’espace géographique naturel de la Réunion ne doit t-elle pas s’épanouir davantage entre l’Afrique du sud, l’Océan Indien et l’Inde ?

Nous sommes à la croisée des chemins et nous devons tous travailler pour une politique d’union et être animés par cette conscience d’appartenir à une même société unique et culturellement riche : celle de La Réunion.

Aline Murin, conseillère régionale