Le Sénat est-il toujours l’assemblée des conservateurs ? COURRIER DU LECTEUR

Ce jeudi 05 novembre 2020, c’est avec une émotion considérable qu’une foule importante a salué le retour de la couronne, plus exactement du Dais royal de la Reine Ranavalona III, à Antananarivo, capitale de Madagascar.

Ce symbole de la souveraineté de Madagascar a eu droit à un accueil digne de celui réservé à un chef d’État de retour d’exil. L’exil du Dais royal de Ranavalona III a duré 123 ans.

En effet, volé en 1897 par des colons, ce symbole de l’unité malgache était utilisé par le souverain pour demander la bénédiction de son peuple. Exposé dans le Musée des Armées à Paris depuis 110 ans, cette pièce royale a été restituée, pour l’instant seulement et officiellement « prêtée », au peuple malgache par les autorités françaises dans le cadre d’une convention signée entre les deux pays.

Peu après le vote d’une loi d’exception visant à restituer des biens culturels au Bénin et au Sénégal substitués pendant la période coloniale, cette convention s’inscrit dans le processus de restitution à Madagascar de ce bien culturel, symbole de l’histoire malgache.

Pour autant, la réaction de mécontentement de la commission Culture du Sénat pour des raisons de forme et procédurières concernant cette restitution est incompréhensible. Les sénateurs en prenant publiquement une telle position confortent l’opinion généralement admise, donnant l’image d’un sénat qui soit une assemblée de notables conservateurs refusant systématiquement toute avancée sociétale ou environnementale.

Rappelons que le Sénat a refusé jusqu’au bout le droit de vote des femmes sous la IIIe République. Rajoutons que le Sénat a adopté sans sourciller la loi de destruction du Vivant en réhabilitant les néonicotinoïdes insecticides tueurs d’abeilles. Et là, en l’espèce, les citoyens redécouvrent le mauvais côté tatillon des sénateurs s’offusquant uniquement pour des raisons de forme que Madagascar récupère son Bien.

Pour redorer leur blason, les sénateurs feraient mieux d’accepter la réalité historique. Le dais de la couronne de la Reine appartient au peuple malgache malgré toute considération juridique. Conformément aux engagements de la France, Il est temps de réparer ces épisodes honteux de notre Histoire en restituant à ces pays leurs biens culturels pillés pendant la colonisation.

La restitution du Dais de la Reine participe au rétablissement de relations apaisées entre la France et Madagascar.

Les Réunionnais, liés par leur géographie, leur histoire et leurs origines, à Madagascar, sont particulièrement sensibles à l’honneur retrouvé du peuple malgache.

Vincent Defaud, membre du Conseil Exécutif de Génération Ecologie, chargé de l’écologie de la mer et des Outre-mer, Délégué Départemental de Génération Ecologie La Réunion