Plan de relance : Pour un pacte vert à La Réunion POLITIQUE

Le premier gouvernement de M. Macron a connu l’embauche surprise puis peu après la démission attendue de l’écologiste Nicolas Hulot par manque de moyens et d’arbitrages favorables à l’écologie. Malgré les belles phrases telles « Make our planet great again » [Alon met nout planet en ler] et les promesses de campagne , la transformation écologique de notre pays n’a pas eu lieu et l’écologie reste le parent pauvre des budgets successifs.

D’où la juste observation des Gilets Jaunes, il y a bientôt 2 ans : la taxe Carbone ne sert pas en réalité l’Ecologie mais sert essentiellement à renflouer les caisses de l’État puisque sur 31 Md€ de recettes seulement 7 Md€ sont affectés à la Transition Ecologique.

Sur le plan national, le troisième ‘Projet de Loi de Finance Rectificatif’ [PLFR 2020] n’arrange pas la situation. Selon les ONG, ce projet de loi présenté le 10 Juin dernier fait l’impasse sur l’écologie. La fédération d’associations ‘Réseau Action Climat’ regrette même que le gouvernement « finance des activités économiques à l’origine de la crise climatique [NDLR tourisme, automobile, aéronautique] sans contreparties écologiques et sociales fortes et contraignantes ».

Mme La Ministre des Outre-mer avait tenu également, le 8 Avril 2019, un discours sur la résilience des territoires ultramarins et la Trajectoire 5.0 = « 0Carbone / 0Déchet / 0Polluant agricole / 0Vulnérabilité / 0Exlusion ». Mais quels sont les moyens qui ont été affectés depuis plus d’un an à l’atteinte de ces objectifs pourtant ambitieux ?

Car, à La Réunion, les actes vont parfois dans le sens inverse :

  • Approbation du projet d’incinérateur à 400 M€ dans le Sud de La Réunion qui augmentera les émissions Carbone et va totalement à l’encontre de la démarche ‘0 Déchet enfoui ou incinéré’ ;
  • Validation du rachat de Vindemia par le Groupe Bernard Hayot (GBH) qui augmentera la vulnérabilité de notre territoire tout en favorisant la consommation de polluants agricoles et l’émission de Gaz à Effet de Serre liée à l’importation ;
  • Echec du premier Plan « EcoPhyto » dans la réduction massive des pesticides puisque La Réunion est toujours championne de l’utilisation du glyphosate dont les trois quarts (en volume) sont déversés pour la canne-sucre ;
  • Insuffisance des Appels d’Offres sur le Photovoltaïque, le Stockage, le Plan Hydrogène, les Energies Marines Renouvelables dont l’Eolien Flottant et soutiens à la filière ‘Pétrole’ qui n’encouragent pas le développement des énergies renouvelables ;
  • Absence de plan contraignant de fermeture des centrales à charbon (Le Gol & Bois-Rouge) alors qu’une date butoir (2022) a été prévue pour la France Hexagonale ;
  • Absence de Maisons de la Femme pour les femmes victimes de violences conjugales qui ne permettra pas de lutter efficacement contre les exclusions intra-familiales ; etc…

C’est pourquoi NoutoutEkolo et Génération Ecologie Réunion demandons un pacte vert, sorte de ‘New Green Deal’ ultramarin, pour La Réunion, avec – enfin ! – des investissements massifs dans la transformation écologique de nos territoires ainsi qu’un échéancier de financement des objectifs de la trajectoire 5.0 « 0Carbone / 0Déchet / 0Polluant agricole / 0Vulnérabilité / 0Exclusion » pour notre île. La relocalisation des secteurs essentiels comme l’énergie, les déchets ou l’alimentation doit être une priorité dans une démarche de développement durable, résilient donc forcément endogène (local).

En terme d’investissements, la souveraineté alimentaire et énergétique durable nécessiterait au moins 10 Md€ sur 20 ans (soit 500 M€ / an). Ce projet fédérateur pourrait conduire à plusieurs dizaines de milliers d’emplois dans la transition énergétique, agro-écologique ou encore l’économie circulaire, sociale et solidaire. Alon Sanz Model ! Changeons de Modèle ! vers un modèle 100 % écologique : 100 % Énergies Renouvelables, 100 % local & BIO-naturel-sans pesticides, 100% Économie Circulaire & Réduction-Réemploi-Recyclage des déchets, 100% Préservation&Valorisation de la Biodiversité réunionnaise.

En conclusion, le temps de la planification écologique est venu : investissements et crédits publics massifs dans la transformation écologique, changement de modèle vers des territoires « zéro chômeur », démocratie locale, justice environnementale… Le plan de relance, sur le territoire hexagonal comme à La Réunion, sera écologique ou ne sera pas.

C’est pourquoi n’essayons pas de sauver l’ancien monde celui des clivages partisans traditionnels, des décisions verticales sans contrôle citoyen ou des industries polluantes subventionnées mais donnons-nous les moyens à travers ce pacte vert pour La Réunion de passer tous ensemble dans le nouveau monde que nous souhaitons : celui de la sobriété heureuse, de l’alimentation saine, de l’énergie propre et pas chère, du pouvoir de vivre dignement, de la valorisation durable des ressources locales, en particulier des Réunionnaises et Réunionnais.

Christelle Lallemand et Laurent Bridier, co-délégués départementaux Génération Ecologie generationecologie.fr
Fabienne Payet et Richard Riani, porte-paroles de « NoutoutÉkolo » [Rassemblement des Ecologistes Réunionnais] www.noutoutekolo.re