Les Avirons : « Joseph Lacaille, notre ancien maire, nous a quitté ! » POLITIQUE

« Joseph Lacaille, fils de Paul Lacaille et Marie Esténia Laurence, 9ème d’une fratrie de 13 enfants est né le 19 mars 1925 à Petite-Île. C’est à l’École Normale de la Réunion qu’il obtient en juin 1946 son Brevet Supérieur, et 10 ans plus tard le 13 Août 1956 le CEAPSA ».

« En 1944, alors que la France était toujours en guerre, le gouvernement, par le biais d’un décret, décide que les originaires des DOM, âgés de 19 ans au moins et d’un certain niveau intellectuel seraient mobilisés.

C’est ainsi qu’il a dû, en juin 1944, cesser ses études et se rendre à Madagascar dans un régiment d’artillerie coloniale. A l’issue de cette période malgache, au cours de laquelle il fut admis sur concours au peloton d’élèves officiers, il a pu, suite à l’armistice de 1945 qui mit fin au conflit, regagner la Réunion. Il réintégra l’École Normale pour y terminer ses études.

C’est à Saint-Paul qu’il commence une longue et brillante carrière d’enseignant, en qualité d’instituteur d’abord, puis très vite de directeur.

En 1948 : nommé directeur d’école primaire à Petite-Île, il n’a que 23 ans.

C’est en 1952 qu’on lui propose de démarrer l’enseignement post-scolaire agricole dans la circonscription de Saint-Pierre.

Pressenti en 1953 par le vice-rectorat pour le démarrage d’un cours complémentaire nouvellement créé à Petite-Île et annexé à l’école primaire du centre. Il y exercera les fonctions de professeur de mathématiques.

En 1961, Joseph Lacaille est nommé directeur du collège de Petite-Île, puis en 1965 directeur du collège de la Ravine des Cabris (Il souhaitait ainsi se rapprocher du lycée du Tampon où se trouvaient ses enfants).

Année 1970 : Il quitte sa chère île natale pour la métropole, non par esprit d’émigration spontanée, mais pour permettre à ses enfants de poursuivre leurs études supérieures dans les meilleures conditions.

Il obtient alors la direction du C.E.G de Lambesc, dans les bouches du Rhône, à quelques kilomètres d’Aix en Provence. Sous sa haute et efficace direction, cet établissement scolaire a pu s’enorgueillir de l’obtention de succès pour le moins exceptionnel.

Que l’on en juge : de 1970 à 1977 les résultats oscillent entre 92 et 100 % de réussite aux examens.

Après avoir porté ainsi la bonne parole dans des contrées lointaines, mais malgré tout pas trop inhospitalières de Provence, la nostalgie de son île natale le pousse à rentrer à la Réunion.
C’est en 1977 qu’il est nommé Principal de collège aux Avirons qui, à son initiative, va rapidement s’appeler collège Adrien Cadet.

En 1980, c’est pour l’enseignant le départ à la retraite.

Pendant ces longues années passées au service de l’éducation nationale, il a toujours fait preuve d’une grande compétence professionnelle et d’un inlassable dévouement qui ont d’ailleurs été légitimement récompensés par l’attribution de ses deux premières distinctions honorifiques : la nomination au grade de Chevalier des Palmes Académiques en 1962, puis la promotion au grade d’officier dans le même ordre cinq ans plus tard.

Parallèlement à ses activités d’enseignant, il a exercé des fonctions électives locales.

De 1958 à 1964 il est conseiller général du canton de Petite-Île, il est alors à 33 ans le plus jeune élu départemental. Les choses ne pouvaient s’arrêter en si bon chemin.

Le 15 mars 1979, les élections municipales de la commune des Avirons sont annulées, Joseph Lacaille préside la délégation spéciale mise en place par le Préfet. Il est accompagné par MM. Guimard et Robert. Il a dû ainsi organiser deux élections dans une ambiance très tendue, si on en croit les rapports de la Sous-Préfecture.

A cette occasion il a su faire preuve à la fois d’autorité, de tact et de patience pour permettre un déroulement correct de ces deux consultations dans des circonstances difficiles.

L’enseignant est devenu incontournable pour les échéances à venir, si bien qu’en mars 1983 Joseph Lacaille est élu maire de la commune des Avirons en remplacement d’Henri Fort.

Puis, de mars 1985 à 1992 il devient conseiller général de ce canton, période pendant laquelle il exercera également la délicate fonction de vice-président de l’Assemblée départementale.

Les Avionnais se souviennent de lui comme un « homme de dossier ». C’est le maire qui a su résoudre de manière durable la problématique d’approvisionnement en eau potable de la commune par la création en 1985 d’un forage puisant l’eau directement dans la nappe phréatique (Forage du Brûlé) facilitant ainsi le développement urbain et accompagnant la commune dans sa croissance démographique.

C’est lui également qui est à l’origine des premiers logements sociaux aux Avirons avec la création du lotissement « Bassin Bleu ».

Tout au long de sa carrière il a su, avec un rare bonheur, concilier à la fois l’esprit pionnier, le goût du service public et l’altruisme. Mythique mais toujours abordable, rigoureux mais paternel, il a marqué toutes celles et ceux dont il a eu la responsabilité. Pour eux il a cultivé deux qualités : la bienveillance et l’engagement.

La bienveillance car il ne dénigrait jamais ses collaborateurs ; l’engagement car aucun problème, aucune tâche ne le rebutait. Il les accomplissait avec ténacité et discrétion, sans jamais montrer ni lassitude ni découragement.

Cette biographie de Joseph Lacaille ne traduit pas tout son parcours, je laisse le soin aux historiens de dresser de manière exhaustive toute sa chronologie. Cet homme de talent qui a servi avec foi l’enseignement et qui s’est beaucoup engagé pour notre commune s’est éteint ce 10 Août 2020 à l’Étang-Salé les Hauts, il avait 95 ans.

A ses enfants, son épouse et ses fidèles amis nous leur réitérons nos plus sincères condoléances en ce moment de deuil et leur témoignons toute notre sympathie »
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Éric Ferrère, maire des Avirons