Naufrage du Wakashio : une catastrophe écologique à ne pas reproduire ! POLITIQUE

L’échouage du vraquier MV Wakashio dans le Sud-Est de l’île Maurice à la Pointe d’Esny a causé des dommages écologiques, sans commune mesure avec ce que l’île a déjà connu, dans des espaces naturels riches et sensibles (lagon, récif corallien, sites et îlots joyaux de la biodiversité classés RAMSAR, mangroves).

Cette marée noire a touché de plein fouet les pêcheurs du secteur car cet espace est une zone riche en ressource halieutique avec une grande quantité de poissons. De plus la côte sud-est de Maurice est une zone touristique particulièrement fréquentée en raison de la beauté de ses plages et de son lagon et des sites naturels avoisinants riches de leurs paysages et de leurs biodiversités (oiseaux endémiques).

Face à ce désastre environnemental, les écologistes, les ONG, les riverains, les citoyens mauriciens, mais aussi les entreprises privées ont pris de nombreuses initiatives (confection de bouées-barrières contre l’huile et le carburant en paille de canne, ou en cheveux !) aux côtés des autorités mauriciennes et des corps para étatiques. Les autorités françaises via leur expertise dans la lutte contre les pollutions aux hydrocarbures (plan POLMAR) et au départ de La Réunion, ont dès le début de la marée noire apporté leur soutien technique et humain à la République de Maurice face à ce drame écologique.

Par ailleurs, les Français de l’île Maurice, soit à titre personnel, soit engagés des associations ou ONG ou avec le concours de leurs entreprises se sont également beaucoup mobilisés pour nettoyer les plages et pour contenir la marée noire. Il faut dire que les Français résidant à l’île Maurice sont particulièrement attachés dans leur cœur à l’île Maurice.

Comme tous les mauriciens, ils ont été durement affectés par la crise de la Covid-19 qui a des effets dévastateurs sur l‘économie mauricienne et principalement sur les activités touristiques, secteur où les Français se sont grandement investis.

Dans un monde où les risques sanitaires, écologiques et industriels sont en augmentation croissante, il convient d’agir en prévention pour en limiter la portée et les éventuelles conséquences désastreuses. Ainsi par exemple, notre zone du sud- ouest de l’Océan Indien qui est située sur un axe stratégique majeur de circulation maritime doit être absolument préservé de toute pollution aux hydrocarbures.

Dans un contexte où la globalisation des échanges ne fait qu’accroître le transport maritime, la France, l’Union Européenne et la communauté internationale doivent prendre de vraies mesures pour sécuriser les routes maritimes en contrôlant et en interdisant la navigation des navires poubelles et en imposant une réelle formation de l’équipage face aux risques en mer (échouage, déversement de matières polluantes, protection incendies et explosions, crise sanitaires, etc.) mais également en sanctionnant financièrement les armateurs pour préjudice écologique avec obligation pour les propriétaires de bateaux de nettoyage et de restauration et de dépollution des sites touchés.

Plus globalement, l’augmentation des risques liés au réchauffement climatique et au développement des échanges commerciaux entre les nations montrent qu’il est grand temps d’envisager une société de résilience basée sur les ressources locales pour sortir des dépendances. Par exemple en réorientant le tourisme vers un tourisme local, responsable et éthique qui puisse s’inscrire dans la durabilité de ce nouveau monde où les maladies émergentes et les accidents industriels peuvent provoquer des séismes économiques et des désastres écologiques.

La réaction citoyenne et des États qu’ils soient Mauriciens, Français ou autres face à cette catastrophe écologique provoquée par le Wakashio montre que les opinions sont aujourd’hui favorables à un changement de modèle. La lutte contre la pollution, la protection de notre environnement sont dorénavant des priorités majeures de tout un chacun. La pression de la société civile sur leurs dirigeants fait en sorte que de nos jours les atteintes à l’environnement ne sont plus tolérés et tolérables car le prix économique, social et écologique de ses drames ne peut être supportés par les populations.

@VincentDefaud