« Les Outre-mers sont une chance pour la France » POLITIQUE

Annick Girardin passe au ministère de la mer et Sébastien Lecornu (notre photo) devient le nouveau ministre de l’Outre Mer. Aucune personnalité politique ultramarine en capacité d’épouser la fonction de ministre de l’Outre Mer ! … Cela fait de nombreuses années que cela n’est pas arrivé.

Quelle est la place des régions ultramarines au sein de la république française ?

Comment sont -elles représentées au plus haut de l’État ?

Ce signe « fort » indique la reprise des affaires ultramarines « par le pouvoir central ».
Sébastien Lecornu, né dans le Val-d’Oise, est un homme honnête et probablement compétent.

Nous verrons s’il aura le temps de connaitre rapidement les spécificités ultramarines et s’il a les capacités d’apprécier rapidement les crises actuelles et à venir dans nos territoires éloignés de Paris.

En cette période de crise majeure et l’entrée en récession de la France et de plusieurs pays dans le monde, il est important de se rappeler d’où nous venons, qui nous sommes aujourd’hui et surtout ce que nous voulons demain pour les générations futures, le développement et l’épanouissement de la Réunion.

Aujourd’hui il nous faut se préparer aux crises successives et les mutations de demain. Pour cela, il est primordial d’apprécier réellement le positionnement de notre territoire ultramarin et ce qu’il représente dans le sud ouest de l’océan indien au sein de la République Française.

Les régions ultramarines en général et la Réunion en particulier, ont tellement de richesses à faire valoir, en l’occurrence le modèle multiculturel que beaucoup de pays nous envient et que nos gouvernants à Paris ne se sont pas suffisamment appropriés pour soigner les maux de la société Française qui se dégrade.

A cet effet, il est important de se remémorer ce qu’écrivait il y a plusieurs années Dominique Volton : « Les Outre-mers sont une chance pour la France, car ils sont une ouverture sur le monde à partir des trois aires culturelles de l’océan Atlantique avec les Antilles, la Guyane, Saint-Pierre et Miquelon ; de l’océan Indien avec La Réunion et Mayotte ; de l’océan Pacifique avec la Nouvelle-Calédonie, Wallis et Futuna et la Polynésie française.

Ils permettent aussi de sortir de l’« européocentrisme » dominant depuis un demi-siècle, et surtout de vivre, en grandeur nature le défi du multiculturalisme. C’est la cohabitation avec ces identités, langues, cultures, religions, traditions, liées à la métropole, mais aussi inscrites dans une histoire bien plus ancienne que celle marquée par l’arrivée des Européens (entre les 16e et 18e siècles) qui fait l’importance de ces territoires.

Cette diversité culturelle est un atout pour construire l’autre mondialisation, celle qui, au-delà des marchés, des économies, et des rapports de force, doit au contraire organiser le dialogue des cultures et des civilisations.

L’importance des Outre-mers n’est donc pas d’abord économique ou démographique, elle est culturelle et politique. Le paradoxe est qu’en France très peu, beaucoup trop peu, sont ceux qui s’intéressent et sont fiers de ces Outre-mers, fiers de ce qu’ils apportent à la France, et fiers aussi de l’importance des questions politiques sociales et culturelles que ces collectivités posent à la République, et à l’Europe.

En réalité les Outre-mers sont un révélateur de la plupart des questions liées à la mondialisation, au multiculturalisme et à la recherche d’autres liens de coopération politique. Le drame est que l’Outre-mer n’est pas présent dans l’espace public français. La première chose à faire est donc de construire, en Métropole, un espace public où ces questions seront débattues et trouveront un écho.

Contrairement à ce que beaucoup pensent, par manque de culture, de curiosité, de respect des autres, ces territoires ne sont pas les «reliques du passé», ni des « confettis de l’histoire coloniale ». On y voit au contraire en grandeur nature, toutes les questions de demain, liées à la cohabitation des cultures et des civilisations ».

Aline Murin, conseillère régionale