« Le colonialisme, une œuvre civilisatrice » EDUCATION

Ce titre a été le sujet d’un devoir donné à des enfants d’une classe de CM2 à l’école primaire Bois de la Garenne, à Voisins-le-Bretonneux (Yvelines). C’était la semaine dernière. C’était un texte avec des « blancs » à remplir, comme l’écrit dans son article le journaliste du Parisien. Une association de parents d’élèves a tenté d’avoir des informations sur ce devoir. Faut-il réagir ?

Oui. Sans aucun doute. Pour une raison simple et combien essentiel : dire la vérité, toute la vérité et rien que la vérité, sur ce chapitre en plusieurs tomes, de cette page de l’histoire de France qu’a été le colonialisme. Car, aujourd’hui encore, des millions de personnes portent encore au plus profond d’eux, dans – leur chair, leur esprit et leur âme -, les chaînes, les marques et les souffrances indélébiles du « colonialisme », cette « œuvre civilisatrice ».

Oser proposer à des élèves de CM2 un devoir sur le thème « Le colonialisme, une œuvre civilisatrice », c’est travestir la vérité. C’est mentir volontairement par omission ou mémoire sélective. C’est peut-être dire à des enfants dont les grand-parents ou les arrières grand-parents ont connu les effets positifs ou négatifs de cette période pas si lointaine, que le colonialisme n’a apporté que des bienfaits. Ce n’est pas vrai du tout. Nous avons des témoins pour le confirmer. Tous les descendants des peuples colonisés sont prêts à témoigner.

La posture d’Emmanuel Macron

Comment un fonctionnaire de l’Education nationale a pu commettre une telle faute ? Alors que le 21 décembre 2019, en visite officielle en République de Côte d’Ivoire, Emmanuel Macron, président de la République, a déclaré que le « colonialisme a été une erreur profonde, une faute de la République ». En février 2017, le candidat à la présidentielle – Emmanuel Macron – a fustigé la colonisation, « un crime, un crime contre l’humanité, c’est une vraie barbarie ».

A quelle date, les méfaits et la barbarie seront enfin restitués et reconnus. « Le colonialisme fait partie de ce passé que nous devons regarder en face, en présentant nos excuses à l’égard de celles et ceux envers lesquels nous avons commis ces gestes », avait dit Emmanuel Macron, alors candidat à la présidence de la République, lors d’une interview à une télévision algérienne.

Alors pourquoi cette provocation ? L’auteur de ce sujet de devoir : « Le colonialisme, une œuvre civilisatrice », ne pouvait ignorer le processus qu’il allait déclencher. Jusqu’à quand des citoyens français vont-ils subir des comportements immatures, irresponsables ou inconscients de quelques citoyens français ? Ou subir leur « œuvre civilisatrice » pour nos enfants ?

J.M