« C’est l’éducation qui est nécessaire et obligatoire, pas l’école ! »    COURRIER DU LECTEUR

“Le titre de ce bulletin est emprunté à Ivan Illich. J’ai étudié les travaux d’Ivan Illich voici déjà un demi siècle, dans le cadre de mon doctorat en comportement et en organisation à l’Université de Cornell, en Amérique du Nord ».

« Aujourd’hui, si je peux écrire ces lignes, c’est parce que je suis allé à l’école, et si en 1970 j’ai pu être assistant de recherche à l’Ecole des Affaires et de l’Administration Publique de l’une des meilleures universités américaines, c’est parce que auparavant, en France, j’avais suivi les enseignements de ce qu’on appelle une  » Grande École « .

Avec Ivan Illich, mais aussi avec Edgard Morin, René Dumont, Henri Laborit, Pierre Schaeffer ou Bertrand Schwartz, j’ai compris et appris que l’école telle que nous l’avons connue vous et moi correspondait à une certaine époque qui aura duré deux siècles,  » l’époque industrielle « . C’est une période qui est en train de disparaître pour toute une humanité, pas seulement française, aujourd’hui en évolution rapide, très rapide.

        Les lignes qui suivent, j’aurais pu en écrire l’essentiel il y a cinquante ans, mais je n’aurais pas été entendu, tellement elles étaient en décalage avec la pensée dominante. A mon retour à La Réunion après Cornell, quand je me suis inscrit à l’association régionale des ingénieurs, ils sont allés à Paris faire une enquête pour vérifier que j’avais bien fait l’École Polytechnique et que ce n’était pas quelque chose que j’aurais inventé, tant mon discours leur était inhabituel.

        Ce que l’on appelle l’école de la République, ou ses variantes privées, a été utile, bien utile, mais les temps ont changé. Aujourd’hui, les moyens techniques d’information et de communication ont connu un développement explosif en à peine une génération, et les gens voyagent, quand les forces étatiques n’y mettent pas d’entraves.

La transmission massive de savoirs établis vers des individus largement passifs fait de plus en plus place à des masses diversifiées d’expériences acquises par des individus responsables qui s’éveillent au monde. Ce n’est plus la même chose qu’avant, ce n’est pas plus mal, et nous ne devons pas avoir peur des grands changements qui sont en train d’arriver dans nos sociétés..

        Nous sommes ces jours-ci en train de sortir de près de deux mois de confinement et de fermeture des écoles. Une certaine réouverture est prévue dans les prochaines semaines, mais la question se pose, faut-il renvoyer les enfants à l’école ? 

Il faut savoir que c’est l’éducation qui est nécessaire et obligatoire, pas l’école !  Une vie sans école peut se révéler être plus enrichissante qu’une vie qui passe par l’école, et nous avons aujourd’hui les moyens de cette nouvelle ouverture à la vie… »

Guy Pignolet de Pluton Sainte-Rose