Quarantaine ÉDITO DU SALAZIEN

Chaque samedi, retrouvez l’édito du Salazien. Et si on tirait une première leçon de ce confinement censé bientôt arrivé à sa fin ?

Voilà maintenant quarante jours que nous sommes en confinement. Quarante, c’est un nombre sympa pour amener le temps de la réflexion. Sur le plan symbolique, c’est censé être synonyme de renouveau, de maturation après l’attente. Du moins pas pour tout le monde, malheureusement… Pendant que Donald Trump et Andry Rajoelina se disputent la découverte du remède miracle contre le Coronavirus, notre gouvernement balbutie un drôle de plan de retour à la normale ; un programme de déconfinement dont nos enfants seraient les cobayes… Toute cette précipitation, finalement, pour le bien de notre sacro-sainte Économie. Cette quarantaine n’est donc pas encore achevée que nous retournons déjà à nos vieux démons et oublions toutes les belles leçons apprises ensemble, malgré le huis-clos de notre quotidien.

Après la panique du début et les combats à mort, ou presque, pour quelques rouleaux de papier toilettes, nous nous sommes tous surpris, nous, Réunionnais, Français, Européens, habitants du monde, à revoir notre façon de consommer et de vivre tout simplement. Finis la surconsommation et le gaspillage intensif. Place aux échanges de bons plans pour faire son propre pain, sa propre pizza, avec les légumes et les herbages de sa cour ou de son balcon. On a même vu le retour des bazardiers et de leurs camionnettes dans nos quartiers. Comme on en voyait encore dans les années 90… Tout un symbole !

« Il aura fallu cet emprisonnement sanitaire pour libérer le meilleur de nous-mêmes »

Cette période a sonné comme une sorte de retour à l’essentiel. Celles et ceux qui avaient une vieille machine à coudre à la maison ont repris leur dé et leurs fils, d’abord pour passer le temps, puis pour confectionner des masques de protection pour soi-même et pour les autres. Ainsi donc, il aura fallu cet emprisonnement sanitaire pour voir se libérer le meilleur de nous-mêmes. Pour prendre conscience que sans l’autre nous ne sommes pas complets.

Sans tomber dans un discours un brin naïf et idyllique, il faudra se souvenir de ce formidable élan collectif.  Ne soyons pas dupe : une fois la crise terminée, nombre d’entre nous retomberons dans nos vieux travers. Nous sommes faillibles. Mais retenons que notre inconscient collectif nous aura donné une idée d’un modèle qui est bon pour nous. Et pourquoi ne pas faire le parallèle suivant : la crise des masques à l’échelle nationale nous a montré quelque part les limites de la mondialisation et de la délocalisation. Ils sont nombreux à ne pas aimer ce terme de développement endogène, y voyant une sorte de repli sur soi, voire même un terreau pour les autonomistes. Mais pourtant, qu’y-a-t-il de mal à rêver que nous soyons un jour autosuffisants sur le plan alimentaire, industriel,… ?

Impossible de l’être a 100%. Pour l’instant, en tout cas, nous ne le sommes pas à 200% ! Chaque année, on ne cesse de nous rabâcher que notre balance commerciale est inexorablement déficitaire. Pouvons-nous espérer assister un jour à ce sursaut réunionnais ? Ce qui ne serait nullement synonyme, faut-il le répéter, de renfermement ou de mouvement anti-croissance ou anti-mondialisation. Ce confinement nous l’a rappelé : l’homme a instinctivement besoin de l’autre. C’est même vital. Pour « Les Salaziens » que nous sommes à L’A.Mousse, il est primordial que nous, Réunionnais, nous réveillions. C’est l’essence même de notre réflexion. Le rêve que nous faisons. Un rêve réunionnais…

H.A.