Dans la forêt d’Essanam : de celle qui parle pour ceux qui souffrent en silence. CULTURE

Essanam est une artiste fonnkézèz de l’île. Par ses fonnkèr, elle nous partage son univers, désire nous connecter les uns aux autres et parler pour ceux qui ne l’osent pas.

Des débuts dans les lettres

Pour celle qui avait « du mal à dire les choses importantes » petite, elle nous raconte qu’elle passait toujours par l’écriture. Notamment dans un journal intime, où elle y confiait ses secrets, ses pensées, ses histoires.

Ayant eu un coup de cœur pour l’écriture, elle part étudier dans la faculté des lettres à l’université. Elle y obtient un master dans les Sciences du Langage, et veut enseigner le créole.

Des confrontations constantes au sujet de la place du créole dans les établissements publics lui feront changer d’avis. Elle ne veut plus lutter, et décide d’enseigner les lettres, l’histoire et la géographie.

Le tournant, elle l’aura en allant assister à des soirées scènes fonnkèr, où là, c’est la révélation, et décide d’écrire en créole.

Les fonnkèr

Assister aux soirées fonnkèr lui a donné envie de s’inscrire à l’atelier de Kréolokoz qui pour elle était un défi.

Ce défi va l’emmener plus loin et lui permettre de faire un atelier avec Socko Lokaf, fonnkézèr renommé dans l’île.

Le fonnkèr qu’est-ce que c’est ?

 le truc que je n’arrive pas à sortir mais que je vais chercher 

Le fonnkèr signifie littéralement le fond du cœur. De la poésie qui traduit de nos états d’âme et de nos histoires.

L’écriture qui panse les pensées

Pour elle, l’écriture des fonnkèr a été une thérapie.

Sa pièce FORÉ FÉNWAR  s’est formée comme cela, dans une urgence de guérir ses peines.

Un besoin de donner du sens à ce qui était vain 

Les fonnkèr d’Essanam on les retrouvent dans sa forêt comme elle le définit. C’est l’ensemble de ses pensées, heureuses ou sombres. Les histoires de son vécu, son deuil périnatal, ses rencontres et ses questionnements de la condition de la femme.

Le montage de la pièce viendra par la suite, par les encouragements de Franky Lauret, premier agrégé de France en créole. Ce qui va l’emmener au Château Morange où là elle se dit qu’est-ce qu’on fait avec le fénwar.
Ce sera accompagné de toute une équipe (réalisatrice, production, musicien, maquilleur, comédien, costumière, graphiste) que la pièce se matérialise. Ce qu’elle pensait alors ne pas avoir la place de dire parce que ce serait dit trop tabou ou juste par sentiment de pudeur, prend forme.

Journal ouvert sur le monde

Essanam nous partage ainsi son regard sur le monde. Inspirée par la musique (notamment le jazz de Christophe Zoogones), la course à pied du matin, ces histoires personnelles.

Elle veut transmettre et permettre aux femmes de s’exprimer, et se confier. C’est pour cela que l’un de ses futurs projets inclut des ateliers d’écriture aux côtés des femmes dans les quartiers.

Pour elle la situation actuelle, causée par la crise sanitaire, lui rappelle qu’il faut prendre plaisir de l’instant présent.

On ne sait aujourd’hui de quoi demain sera fait. 

Simonide d’Amorgos

On ne sait ce qui peut arriver demain, alors elle continue de créer et laisse son imagination s’animer.

Vous pouvez retrouver les fonnkèr d’Essanam sur sa page Facebook