La Région Réunion et les Ouïghours COURRIER DU LECTEUR

Les accords entre la Région Réunion et la Chine peuvent-ils être remis en cause suite aux révélations sur « l’hôpital de la honte » à Tianjin ?

Depuis 25 ans, de nombreuses ONG se sont faites les porte-voix des Ouïghours dénonçant l’enfermement d’enfants, de femmes et d’hommes dans des camps de concentration.

Cette minorité chinoise de confession musulmane subit une répression sortie des livres d’histoire et qui s’accentue ces dernières années. Le silence des gouvernements européens, des régions du monde n’est plus acceptable.

Les intérêts économiques, les accords passés avec les villes chinoises servent-ils d’œillères ? Ce monde ultra-libéral doit-il nous contraindre à fermer les yeux sur les crimes contre l’humanité perpétrés par le Régime de Xi Jinping ?

Le 1 octobre 2020 la toile s’est vêtue de bleu ciel, couleur de la communauté ouïghoure. A l’initiative de Raphaël Glucksmann, député européen Place publique, les internautes, à travers leur profil sur les réseaux sociaux, ont participé à une nouvelle forme de manifestation virtuelle.

En même temps, ils ont changé leur photo de profil pour inonder Facebook, Twitter, Instagram et autre Tik Tok, du bleu ciel du drapeau Ouïghour. Preuve que la cause de cette minorité sans voix a trouvé écho.

Comment les autorités réunionnaises ont-elles réagi à cette forte mobilisation ?

À la Réunion la mobilisation des internautes a été sans précédent comme le rapporte les médias locaux. Cependant, ni la Région, ni le Département, ni les maires ne se sont manifestés pour dénoncer avec sévérité et gravité les agissements de la Chine envers cette communauté. Pourquoi ?

Depuis le début les années 2000, la Région Réunion a signé de multiples accords de partenariat privilégié avec la ville de Tianjin, quatrième plus importante de Chine.

Nous savons que cette ville fait partie du réseau des villes chinoises complices de la répression. En effet, comme le révèle la journaliste Justine Reix, les Ouïghours enfermés dans les camps serviraient de banques à organes, des organes appelés « Halal », prélevés de force et vendus à prix d’or dans les pays du Golfe.

C’est dans l’hôpital de Tianjin construit pour le marché des greffes que l’aboutissement du massacre a lieu.

Les témoignages sont atroces, des femmes enfermées avec des Ouïghoures dénoncent des prélèvements de foies, de reins et des disparitions de plus en plus nombreuses.

Ce trafic s’ajoute aux multiples crimes contre cette communauté. Avortements forcés, camps d’enfermement, rééducation culturelle…

Depuis 2010, la Chine a un consulat à la Réunion. Il est temps de demander toute la lumière sur cette répression quitte à remettre en cause notre partenariat avec Tianjin.

Christophe Estève