Projet d’Incinérateur Sud : les critiques de l’Autorité environnementale COMMUNIQUÉS

« C’est en ma qualité de Délégué de Génération Ecologie – Saint-Pierre et de la quatrième circonscription, que je me devais de réagir suite à la publication du rapport public de la Mission Régionale de l’Autorité environnementale de La Réunion sur le projet d’incinérateur de Saint-Pierre porté par ILEVA. »

« Dans son étude impact environnemental, l’Autorité environnementale (Ae) soulève 2 points essentiels sur le projet d’incinération portant sur le risque sanitaire et environnemental (1) et sur l’opportunité globale du projet (2).

Sur le risque sanitaire et environnemental

L’Ae rappelle à juste titre un point précédemment soulevé par l’ARS sur la nécessite de recourir à une expertise indépendante et complémentaire sur les risques sanitaires liées aux activités de l’incinérateur.

L’autorité appelle à définir des modalités de communication et des outils de mesures visant à contrôler régulièrement la qualité de l’air.

En outre, le pétitionnaire devra opérer à des contrôles réguliers afin de déterminer si la production agricole (animaux et végétaux) située aux alentours de l’activité est propre à la consommation.

Sans respect du principe de précaution, il est clair que ce projet pourrait sans conteste avoir un impact direct sur la santé et l’environnement.

Sur l’opportunité globale du projet

L’Autorité de l’environnement s’interroge sur l’entreposage et l’évacuation des résidus d’épuration des fumées (REFIOM) qui sont des matières dangereuses.

L’Ae soulève la capacité très limitée de stockage de ces matières (192 Tonnes) par rapport à une production de 9700 tonnes annuelles. Elle recommande au pétitionnaire de :

  • détailler les conditions d’entreposage ;
  • prévoir un projet d’évacuation vers le territoire métropolitain ;
  • compléter l’analyse des divers risques induits (pollution accidentelle, incendie, interruption des possibilités d’évacuation…) ;

L’avis de l’Ae n’a certes pas pour objet de traiter de la question de l’opportunité même du projet, mais peut valablement s’interroger sur la capacité du projet d’ILEVA à s’intégrer dans un objectif de transition énergétique et écologique avec « zéro déchets.

Elle pointe la dépendance du projet d’incinération aux déchets… or, l’essence même d’un incinérateur est l’énergie et ne doit pas être une solution de traitement des déchets !

Le projet constitue de ce fait une réelle incompatibilité avec un plan de prévention de réduction de déchets.

Enfin, au titre de la question du bilan coût-avantage, l’Ae recommande de justifier le projet par une approche technico-économique démontrant l’absence d’alternative, en particulier de mise à niveau d’installation existante susceptible de présenter un meilleur bilan environnemental et financier.

Le manque de visibilité du projet présenté est plus que palpable, c’est pour cette raison que l’Ae recommande au pétitionnaire d’établir un schéma simplifié et plus lisible pour le grand public.

Ce manque de transparence pourrait sans doute cacher une volonté de greenwashing..

Enfin, nous nous interrogeons sur l’avenir de la société mandataire solidaire du groupement titulaire du marché. SA CNIM (Constructions Navales et Industrielles de la Méditerranée) a connu d’énormes difficultés financières. Dans une question parlementaire du 21 juillet 2020 le Député Jean-Luc Mélenchon évoque même « un possible démantèlement de CNIM et de leurs pôles industriels. »

Pour conclure, il est nécessaire de rappeler notre position sur ce projet : le choix de l’incinérateur à déchet est totalement incompatible avec une politique de réduction des déchets. Nous regrettons ce choix imposé dans la précipitation alors que de nombreuses villes ont pu mettre en place des outils ambitieux visant à réduire la tonne déchets par habitants en amont.

Rappelons que le meilleur des déchets est celui qu’on ne produit pas !

Emmanuel Doulouma