Ismaël Aboudou : « Connaître son passé, vivre son présent et mieux préparer demain » CULTURE

Ismaël Aboudou ne cesse de franchir ses Limites. Chaque pas est un élan vers le tourbillon de la vie. L’enfant de Saint-Denis promis à une vie « électrique » a du « jus ». C’est nécessaire quand la danse exige que l’on répète sans cesse, ses pointes ou ses entrechats. Le chorégraphe est entré dans la phase de transmission. Des éléments de l’identité réunionnaise.

A l’âge de raison, Ismaël Aboudou conserve son âme d’enfant, son visage d’adolescent et ses rêves d’adulte mature. Même s’il n’a pas « chorégraphié » sa vie, il a apprécié ses moments qui l’ont construit. « Je suis né rue des Limites à Saint-Denis ». Les seules limites qu’il a acceptées. « Ma mère voulait que je fasse des études pour devenir électricien ». Sauf que le compteur des émotions et des sensations de l’adolescent, se déclenche seulement quand il entend le disco, le funk ou le jazz.

La musique est à Ismaël Aboudou, ce que le Ragtime est à Scott Joplin ou le jazz et le blues à Louis Armstrong. A 15 ans, il a des jeux de jambes qui empêchent de broyer du noir. Même s’il n’a pas les « cannes » d’Elvis Presley ou de John Travolta, Ismaël Aboudou cherche et trouve la cadence. « C’est un petit pas pour l’adolescent, mais un choix déterminant pour la suite » (cela faisait déjà quelques années que Neil Armstrong et ses deux potes étaient revenus de la lune).

Ismaël Aboudou, lui, n’a pas souvent le temps d’être dans la lune. « Il faut tout le temps avoir les pieds sur terre ». « Même si la danse est avant tout une passion, pour réussir il faut travailler dur ». Sans cesse sur le parquet, le danseur remet ses pas dans ses pas. « Nous cherchons d’abord les bonnes postures. Quand, nous les avons trouvées, nous répétons pour l’imprimer en nous, et si possible les améliorer ». Si le danseur s’impose cette volonté, imaginer l’exigence du chorégraphe.

Car, Ismaël Aboudou est un éternel insatisfait. « Nous devons toujours avancer, chercher, trouver, et encore, et encore… Ne jamais s’arrêter ». Le chorégraphe a aujourd’hui la maturité d’un sage. Il prépare la transmission de l’héritage qu’il a reçu. Le danseur fait sien une posture « massaï ». « On n’hérite pas de la terre de nos ancêtres, on emprunte la terre de nos enfants ». Quand la quête de l’identité révèle la nécessité d’être, quelle que soit la danse, quelle que soit la chorégraphie, l’essentiel est d’être et de se révéler soi-même. Et d’exister pour soi-même…

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JM