Maillot, Bègue, Dugain, Ferrère… les « Yabs », parmi les premiers Réunionnais HISTOIRE DE LA REUNION

La France, d’une manière générale parce que l’île Bourbon est un territoire français, et de nombreux Français de divers rangs sociaux, venus de Bretagne, Saint-Malo ou de Paris, ou sortant de prison, des trottoirs ou de la misère, constituent une partie importante du socle du peuplement de La Réunion. Parmi eux, se trouvent aussi les ancêtres de nos « Yabs ».

Paradoxe. « Vous, moune d’où vous ? » Ces mots sont depuis longtemps, une phrase de reconnaissance des « petits blancs » des hauts et des bas de La Réunion. Ces descendants des Français qui ont – souvent pas de gaieté de cœur – choisi cette terre de l’océan Indien, pour une escale courte, longue ou définitive. Louis Payen que notre histoire retient le nom comme le premier Français, à avoir pris part au peuplement de La Réunion (arrivée le 10 novembre 1663 à Bourbon), ouvre la voie.

L’entente entre les sept hommes et les trois femmes malgaches d’un côté, et les deux Français de l’autre, est complexe au départ. Les Malgaches tentent même d’assassiner les deux Français. Ces tensions n’empêchent pas à terme, la création d’une petite communauté. Deux couples se forment : Marie Caze et Jean Mousse, et Marguerite Caze et Etienne Lambouquiti. Marie Caze donne naissance à Anne Mousse, première femme née à La Réunion, le 10 avril 1668.

La noblesse des Yabs

Ce sont les mariages inter-ethnies qui constituent – à ce moment de notre histoire – le socle du peuplement réunionnais. Ainsi, Cécile Mousse, sœur d’Anne Mousse épouse Gilles Dugain. Anne Mousse se marie avec Noël Tessier. Veuve à 54 ans, elle se lie à Dominique Ferrère. Les enfants de Noël Tessier et Anne Mouse reproduisent les mêmes schémas maritaux. Louise Tessier se marie à Michel Maillot ; Jeanne Tessier à Yves Bègue ; Hyacinthe Tessier à Marie Guichard ; Rose Tessier à Manuel de Cotte ; Julienne Tessier à Michel Crosnier ; Manuel Tessier à Anne Maillot.

Les tantes et sœur d’Anne Mousse épousent également des Français : Anne Caze à Paul Cazan puis Gilles Launay ; Marie-Anne Caze à François Rivière ; et Cécile Mousse à Gilles Dugain. Ces unions inter-ethniques se font en dépit du décret datant de 1674, du vice-roi des Indes, Jacob Blanquet de la Haye, et interdisant ce genre de mariage.

La plupart des Maillot, Dugain, Bègue, Guichard, de Cotte, Hoareau, Boyer, Esparon, Bègue, Vidot, Caze, Tessier et de milliers d’autres Réunionnais peuvent s’enorgueillir d’avoir des ancêtres qui ont construit dans l’épreuve, la lutte, le travail, l’affection et l’amour, une importante partie du socle du peuplement de La Réunion…

JM