Le séga : des origines multiculturelles CULTURE

Le séga est une musique traditionnelle des îles de l’Océan Indien née sans doute dès l’arrivée des premiers colons. Ce terme a été cité dès le 19e siècle. Il désignait au départ une musique qui est l’ancêtre du séga moderne et du maloya. À l’origine de ce mot on peut retrouver différentes explications possibles. Tchéga, Tséga ou Chéga etc.… Différentes origines géographiques comme l’Afrique de l’Est, l’Afrique du Sud voir même le portugais des colonies.

Cela est dû aux racines multiculturelles des Mascareignes. Toutefois on remarque que ces mots tournent toujours autour du champs lexical de la tenue des danseurs et danseuses. Ainsi cela désigne à la fois le fait de retrousser son vêtement pour ne pas le salir en dansant, un pagne de danse cérémonielle fait de peau de bête, voir même un ruban porte jarretelle.

On peut affirmer que le Séga est une danse de couple. Il est issu du mélange du quadrille européen, qui était une danse de couple très organisée où les danseurs se tournent autour et s’échangent leurs partenaires, avec des sonorités et des rythmiques africaines. Cela explique pourquoi le séga a un rythme si particulier alterné entre le binaire et le ternaire qui lui donne ce rythme syncopé. On peut dire pour faire plus simple 1,2,3 puis1,2.

Aujourd’hui la façon de transcrire sur une partition, les chansons, est standardisée. Mais cela posait un réel problème au niveau de la transmission à l’écrit au début de son existence. C’est certainement pour cette raison que beaucoup de chansons des débuts ont été perdues ou modifiées.

Une musique fusion

Le séga est donc depuis son origine une musique « fusion ». Une musique de fête où des chanteurs bien connus se sont illustrés depuis des générations comme Maxime Laope, Luc Donat, Benoite Boulard, Gaby Laî-Kun, les Jokarys, et plus récemment Manyan, Apolonia, Analyse, Oussanoussava et tellement d’autres. C’est pourquoi cette musique a su évoluer avec le temps.

Les instruments se sont greffés aux différents instruments traditionnels allant jusqu’à les remplacer parfois. C’est une notion qu’il a fallu intégrer dans l’idée même de transmission intergénérationnelle. Ainsi par exemple la batterie, la guitare électrique et le « synthé » font partie intégrante de l’orchestre de séga aujourd’hui. En cela on peut remercier des pionniers dans leurs univers respectifs comme Gilbert Pounia, Baster, Dominique Barret par exemple.

Les générations successives ont su trouver de nouvelles idées pour réinventer la musique locale. Et c’est aussi pour cela que les jeunes se l’approprient. On a pu remarquer aussi la facilité avec laquelle les sonorités venues d’ailleurs sont intégrées pour créer des variantes comme par exemple le Ségae mélange de séga et de reggae ou le Ségalove qui est un Séga chanté avec un mélisme ( c’est-à-dire des vibes de R’n’B) d’inspiration Gospel.

Encore de beaux jours devant lui

Le Séga traite de tous les sujets possibles et imaginables. Les faits divers, l’amour, la rupture, les histoires drôles, la politique, la violence, les déboires judiciaires, la cuisine, les fêtes et la Réunion bien sûr. Bref une source intarissable d’inspiration. Chaque année de nouveaux chanteurs et chanteuses arrivent à percer au niveau local. Car bien que traditionnel, le séga attire les jeunes.

Sur l’encyclopédie collective sur internet, on cite même une fusion avec le Rap faite en 2009 dans la chanson « Sak mi aim » de Ironshiro. Des gens comme Missty, Jérôme Payet, Séga’el Toulou ou les sœurs Ivara par exemple, sont de véritables représentants de la relève du Séga de La Réunion.

Nous attendont encore que le Séga ait son heure de gloire sur le sol hexagonal et au delà. La qualité de nos chanteurs pays n’est pas a remettre en cause. C’est simplement que les musiques qui ne sont pas « mainstream » ont toujours du mal a passer aux heures de grande écoute. Nul doute que cela arrivera un jour car nos musiques sont belles et entraînantes et que la jeunesse a toujours su s’en emparer. Depuis quelques années les musiques traditionnelles sont aussi enseignées au Conservatoire régional.

J’affirme donc que le Séga a encore de beaux jours devant lui.

Stéphanie Lacouture