Le « concept de la femme forte » SANTÉ

« Dans un même temps, d’autres femmes qui portaient l’image de “la femme forte” tentent de guérir les blessures induites par des années passées à essayer de devenir une personne qu’elles n’étaient pas ».

En se créant de toutes pièces un rôle dont le mode de fonctionnement est principalement axé sur la lutte et le rejet de toute notion de vulnérabilité, l’image de la femme forte aura bien souvent créé d’importantes cicatrices dans leur vie personnelle et dans leur chair.

Par « femme forte », notre société sous-entend « puissance ». Elle est censée être une bonne mère, une épouse heureuse, une working girl accomplie, une amante passionnée et elle doit être capable de remplir toutes ces fonctions le sourire aux lèvres sans jamais faiblir.

Elle se fait parfois appeler « badass », « girlboss » et on la définit comme une personne qui n’a pas peur, qui se surpasse et qui s’impose avec maîtrise et confiance en soi. C’est la femme que l’on admire et à laquelle les plus jeunes rêvent de ressembler parce qu’elles pensent qu’elles s’assureront ainsi une existence paisible, une immunité à la souffrance et une réussite à toute épreuve.

Ça c’est la version des magazines, celle qui fait sourire et qui peut-être vous fait même envie à vous qui me lisez.

La vraie version est beaucoup moins glorieuse, c’est une ancienne « femme forte » qui vous le dit.

Qu’est-ce qui pousserait une femme à s’entourer d’une armure la faisant davantage ressembler à un homme, si ce n’est que des blessures et une sensibilité profondes ? Pourquoi en arrive t-elle  à souhaiter à tout prix les masquer sous une apparente maîtrise absolue de tous les domaines de son existence ?

Qu’est-ce qui pousserait une femme à souhaiter si ardemment être prise comme un modèle d’indépendance, qu’un profond besoin qui l’anime de se sentir exister dans le regard de l’autre ?

Pourquoi certaines femmes ont-elles tant besoin de clamer leur liberté, si elles se sentent si libres que ça en leur cœur ?

En bref, quand on se définit comme une femme forte et que l’on brandit ce titre comme un trophée, qui souhaite-t-on vraiment convaincre de sa propre puissance, l’autre ou soi-même ?

Les femmes fortes, j’en accompagne beaucoup. La plupart le sont devenues à cause de blessures qui les ont amenées à profondément douter d’elles-mêmes et à envisager la vie comme un jeu de survie : soit on bouffe l’autre, soit il nous bouffe.

Et ce fonctionnement finit par devenir automatique et à s’appliquer à tous les domaines de la vie, même le sentimental. C’est ainsi que le couple se déséquilibre à cause d’une femme qui déserte complètement ou presque son énergie féminine pour habiter principalement son yang, et un homme à qui l’on coupe toute possibilité de pleinement exister dans son masculin.

Dire à une femme qu’elle a les mêmes droits qu’un homme, ça coule de source. Mais il serait également nécessaire de lui dire qu’elle n’est pas un homme et que son intérêt n’est pas de lui ressembler, mais au contraire de développer pleinement les qualités de l’énergie féminine qu’elle véhicule.

La douceur, la réceptivité, l’intuition, la créativité, la sagesse, la légèreté ou encore la bienveillance, voici quelques-uns des attributs de l’énergie féminine bien trop souvent sous-estimés parce que de nos jours, tout ce qui ne véhicule pas une image de combativité est assimilé à de la faiblesse.

Pourtant, c’est par exemple l’intuition qui permet de prendre les bonnes décisions. La sagesse de poser l’action juste au bon moment et de savoir se remettre en question quand c’est nécessaire. La bienveillance permet d’harmoniser nos relations avec les autres et de développer une belle estime de soi, et la légèreté de savoir lâcher-prise lorsque c’est nécessaire.

En bref, tout ce qui est le contraire de la lutte, du combat ou de l’agressivité permet une construction bien plus sereine et durable sur le long terme, et là est notre plus grand pouvoir en tant que femme : celui de la création.

Et quand on le réintègre pleinement, on comprend que la réelle force, la réelle autorité, c’est de savoir imposer qui l’on est avec élégance et délicatesse. Qu’il n’y a pas de plus grande autorité que celle qui s’exerce dans le calme et une douce assurance.

Qu’on ne peut pas vivre une histoire d’amour qui dure, si on y alimente sans cesse une lutte de pouvoir parce qu’on a simplement peur de cesser d’exister en se laissant aimer et pourquoi pas aussi parfois, en se laissant porter.

Que dire que l’on a peur, que l’on est fatigué ou que l’on a besoin d’aide n’est pas un aveu de faiblesse mais une preuve de grandeur d’âme qui permet, parce qu’on sait se montrer authentique, d’encourager les personnes qui nous entourent à elles aussi se montrer telles qu’elles sont et à mieux cerner nos besoins.

En fait, à force de se donner l’apparence d’une machine de guerre on met le couvercle sur nos émotions qui trouveront le moyen de se libérer d’une autre manière, et bien souvent au travers de divers problèmes touchant directement notre féminité comme les désordres gynécologiques ou sexuels, en plus de faire de réels ravages sur l’image que l’on a de soi-même car on peut porter un masque pendant un certain temps, mais quoi qu’il arrive notre réelle personnalité fera tout pour exister.

Cessons de souhaiter devenir des femmes fortes car en réalité, nous n’avons besoin d’aucun artifice pour cela. Beaucoup d’entre nous se sentent faibles, démunies, ont peur de souffrir et elles pensent que c’est en devenant toujours plus dures qu’elles se mettront à l’abri, mais c’est faux.

Tentons au contraire de mieux nous aimer, nous comprendre et nous guérir afin d’habiter pleinement notre énergie féminine de nous sentir beaucoup plus ancrées à notre existence, en pleine possession de nos moyens. »

Coaching Harmony

Photo : Diane Bellego : de la femme blessée à la femme puissante